La guerre que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie ont déchaînée sur le monde, a dressé face à face deux thèses : d'une part, la Force qui prime le droit; d'autre part, l'indépendance des peuples. La France et ses nobles alliés se font gloire de combattre pour ceux qui souffrent, de faire une guerre de justice et de libération. « La Nation française, suivant un mot célèbre, n'a jamais employé ses forces contre la liberté d'aucun peuple. » Fidèle à cet esprit de générosité, fière de ce qu'elle a fait jadis aux Etats-Unis, en Grèce et en Italie, elle se réjouit à l'idée que la victoire de la Triple-Entente va avoir pour effet de réparer de trop longues injustices, de rendre à des peuples trop longtemps opprimés le droit de vivre enfin au soleil de la Liberté. De ces peuples opprimés, ceux-ci gémissent sous le joug de l'Allemagne: Lorrains, Alsaciens, Slesvicois, Polonais; ceux-là sous le joug de l'Autriche-Hongrie: Tchèques, Croates, Bosniaques, Roumains de Transylvanie, Trentins et Triestins; d'autres encore, sous le joug de la Turquie: Grecs, Arméniens, Syriens et Libanais. Pourquoi ces peuples souffrent-ils? Que veulent-ils? Comment la foi invincible qu'ils ont en leurs destinées va-t-elle avoir sa récompense?